C’est le moment de commencer à panser !

C’est le moment de commencer à panser !

Panser …
Dans un monde survolté où le stress nous fait croire à la performance et à l’efficacité, que le nouveau monde « est celui du en même temps », de celui du « clic » immédiat émotionnel, nous devons retrouver les voies de notre réel humanité.

Le mouvement social actuel est une inflammation

Il est probable que nous traversons en France un temps de changement historique. Le mouvement social qui a surgi il y a un mois, est une inflammation : le jaune symbolise bien la chaleur. Sur les ronds points les feux de palettes s’enflamment, et dans les rues le corps social crie de douleur.
Cette éruption est le signe d’une maladie. Parce que la maladie est toujours un « mal à dire » qui provoque ces irruptions sociales au point capital. Donc à la tête qu’on appelle Paris.
Au plus bas « les illettrés, les sans-dents, les gens  qui ne sont rien » et  ceux qui ne participent pas à  « l’économie du net car c’est  une économie de superstars » sont restés sans parole, dans le silence labourant péniblement leur quotidien… Cela, lentement, a produit le pus. Ce liquide « jaunâtre » qui signe l’infection. Un abcès purulent, une fermentation qui dégage de mauvaise odeur, du pus dans une blessure, une fracture profonde.

La maladie est le résultat d’un déséquilibre

Donc la maladie est le résultat d’un déséquilibre, d’un blocage, d’une absence de quelque chose ou de quelqu’un, d’un manque. « L’homme est un animal métaphysique. Être biologique, il est d’abord au monde par ses organes des sens. Cependant sa vie se déploie non seulement dans l’univers des choses mais aussi dans un univers de signe. Cet univers s’étend, au-delà du langage, à tout ce qui matérialise une idée et rend ainsi présent à l’esprit ce qui est physiquement absent… » nous dit Alain Supiot .
Mais pas de signe à l’horizon. Alors est-ce le mépris de classe ?  Alors le corps social négligé se révolte car il demande du soin et le premier soin est une parole de reconnaissance.

Réfléchissez !
La  parole est assurément la première énergie, énergie positive de l’élan, de la construction, de l’enthousiasme, mais aussi énergie négative du désespoir, de la destruction.
Le silence est un non-lieu, celui de l’impasse.
Au niveau institutionnel, la reconnaissance est l’attention réelle portée à des demandes particulières, à des souhaits, à des projets, à ceux qui vivent dans le sein des terroirs, c’est-à-dire près du sol,  que l’on appelait jadis les paysans au sens noble du terme, nos ancêtres.

Il est plus que temps de soigner, de traiter les blessures

Il faut donc panser, c’est-à-dire soigner, traiter ces plaies, ces blessures. Comment cette tête pensante, capitale, cette tête fourrée d’élites n’a-t-elle pas, avec sagesse, pris son habit de jardinier ? N’est-elle pas, dans la folie des métropoles, hors sol, à côté de ses pompes ? N’a t-elle pas oublié que le mot humain est issu du latin « humus » qui signifie « terre » ?
Terre : Prendre dans sa main une poignée de terre riche de vie, c’est-à-dire se relier à l’univers.

Je vois ce jardinier de la France qui prendrait un soin méticuleux à favoriser dans chaque petit recoin de son clos chaque espèce. Dont le coin Bretagne et Auvergne. Puis celui de la  Corse et de la Provence, et de la Savoie et de l’Alsace. Également la Lorraine, la Champagne et la Bourgogne … Et bien d’autres encore qui continuent à résonner dans notre imaginaire. Se re-lier à la terre, à soi et à l’autre dans la richesse de nos romans et de nos horizons. Voilà l’ordonnance première. La biodiversité physique et culturelle de nos territoires n’appellent-elles pas à des soins adaptés et différents. Loin des normes froides, des abus de pouvoir ou des langages technocratiques incompréhensibles ?

Panser c’est redonner du pouvoir et de la responsabilité locale

Panser c’est redonner du pouvoir et de la responsabilité locale. C’est revivifier les échanges et les participations. Ces feux de palettes sur les ronds points ont permis aussi des rencontres et la naissance de nouvelles solidarités. Ces nouvelles agoras initialisent la démocratie participative appelée.
Tout système se sclérose, s’encrasse. Dans notre péninsule atlantique, nous aimons la puissance du vent qui magnifie l’élan des vagues sur le granit de nos côtes, cet air iodé qui vous éveille. Une énergie de créativité peut décaper le système usé.

J’attends de notre président qu’il soit ce jardinier médecin, cet homme-médecine qui œuvre pour la bonne santé de notre corps social. Retrouver une parole compréhensible est le retour à une proximité à la bonne mesure, retour aux vrais pays qui fondent la France. Parler, être entendu, tenir compte de la parole de l’autre ne pourra se faire, à mon avis, que dans une agora régionale qui serait pour nous une Assemblée de Bretagne.
Une collectivité forte pourvue des moyens de ses ambitions est la bonne ordonnance qui seule pourra orchestrer dans le jardin de Bretagne le souffle de vie. Pourquoi n’aurions nous pas le droit de le faire, en Bretagne, pour nous et nos enfants ?

Yves BRUN