C’est le moment de commencer à penser !

C’est le moment de commencer à penser !

Ce matin en ouvrant ma tablette pour y lire les dernières informations après ce samedi d’insurrection, j’ai surpris l’image d’un journaliste de BFM dans les rues de Paris évoquant les violences dans les rues mais mes yeux ont été captés par un slogan tagués derrière lui : « C’est le moment de commencer à penser ! »
Les propos du journaliste d’ailleurs n’avaient aucun rapport avec ces mots jetés sur  un mur blanc par le manifestant inconnu. Il « perroquetait » les  mots du  jour en boucle : « violence, chaos, casseurs, gilets jaunes etc.… ».
Ecrire un mot, pour moi, est « porter un cri vers l’extérieur ». « E-cri » de joie, de tristesse, de réflexion, de révolte, c’est graver  sur un support une trace de notre présence dans le temps comme le faisait les premiers hommes, la trace d’une présence qui pense, d’une conscience en fait.

Les Tags nous disent toujours quelques choses de l’air du temps.

Au-delà de cet acte d’écriture au milieu des cris, que signifie ce slogan ?
Je suis convaincu que la révolte que nous voyons aujourd’hui sous nos yeux, se révèle,  au-delà du ras le bol fiscal, comme une insurrection morale et psychologique au plus  profond des personnes. La personne humaine a besoin de parler, d’écouter, de réfléchir, de rêver aussi d’imaginer, d’être reconnue par l’autre à tous les étages de la société.

Dans cette ère postindustrielle face à l’accélération de la numérisation la « colonisation » des esprits n’a jamais été aussi importante. La colonie est un territoire sous la domination d’une puissance étrangère donc non autonome. L’environnement technique qui se développe aujourd’hui insidieusement nous pousse à ne plus penser par nous-mêmes. Nos ordinateurs, tablettes et autres Smart phone mais aussi notre véhicule, veulent nous dirent avec insistance ce que nous devons acheter, quelles personnes  nous devons  rencontrer, quand nous devons nous arrêter car fatigués, ce que nous devrions lire… ! Vite, il ne faut pas louper cela… dépêchez vous ! Et nos « soi-disant élites » en rajoutent en nous dictant ce qu’il faut penser et faire, en nous faisant trop souvent la morale…
Stop ! Ras le bol ! Prenons le temps de penser…

Evidemment je ne remets pas en question l’extraordinaire accès à la connaissance et à l’information de cette nouvelle technologie. Mais une des premières capacités de l’humain, qui lui donne sa grandeur, son indéfinition, est celle de penser par lui- même.

Retrouver la dignité de penser par soi-même

« C’est le moment de commencer à penser ! » est un cri d’exigence, celle de retrouver la dignité de penser par soi-même. Le caractère fluide et liquide des informations distribuées par les médias, en boucle, contribue à cette sorte d’emprise, de captation de l’information. Elles n’incitent pas à réfléchir, ni à penser. Elles visent le scoop, elles glorifient l’émotion plutôt que la réflexion et évidemment donne accès à toutes sortes de manipulation.

« C’est le moment de commencer à penser ! » ce cri est une  réelle  demande de reprise en main de son destin. Reprendre la main, c’est faire soi-même, c’est faire le choix de l’autonomie qui est aussi le choix d’une réelle responsabilité. Cette reprise en main ne nie évidemment pas la vie collective, au contraire, il s’agit à d’habiter le monde à la bonne mesure.

Cette bonne mesure est une région comme la Bretagne où cette nouvelle démocratie appelée par les révoltés pourrait s’exercer. Qui  mieux que nous, habitants amoureux de ces cotes magnifiques, des ces monts  antiques, de ces vallées verdoyantes, de ces forêts  ancestrales peut construire la Bretagne de demain ? Nos industries, nos ports, notre style de vie, la langue que l’on y parle ? La Bretagne possède tous les atouts pour penser par elle-même et en possède les moyens financiers.

Qui mieux que nous, Bretons, pourraient prendre en main les solutions adaptées pour répondre aux enjeux du changement climatique ? Qui mieux que nous, pour le bien commun, peut essayer d’organiser notre société afin de réduire le cout des dépenses contraintes de la population ? Qui mieux que nous peut légiférer comme le font d’autres territoires en Europe pour répondre à une situation particulière ?

Une organisation autonome engage à la responsabilité

Ne l’oublions pas, la Bretagne a été jadis un Etat prospère. La grave crise que traverse la France est aussi une crise de gouvernance. Nos élites seraient bien inspirée d’entendre (entendre signifie aussi comprendre !) la demande des territoires devenus impuissants. Une organisation autonome engage à la responsabilité. Dans la nature, les organismes sont autonomes et interdépendants ; je crois beaucoup à cette interdépendance qui favorise la biodiversité des cultures et la reliance des hommes et femmes libres.
« C’est le moment de commencer à penser la Bretagne ! »

Yves BRUN